
Enfin, pour conclure notre rapide, trop rapide tour d’horizon de la musique des pères jésuites, nous ne pouvions passer sous silence la grande découverte !
Durant les travaux de restauration des réductions jésuites de Bolivie, en 1972, l’architecte suisse et frère jésuite, Hans Roth découvrit les 5500 pages de partitions de musique baroque, dans les localités de Santa Ana et San Rafael. Autour de 4000 proviennent de San Rafael (fondée en 1696) et quelques 1500 de Santa Ana (fondée en 1755). C’est une des découvertes les plus importantes de l’historiographie musicale du continent américain.
La majorité des six cents œuvres, que constituent ces archives, est d’auteur anonyme, mais s’y trouvent également des œuvres instrumentales d’auteurs italiens des premières décennies du XVIII siècle : Jomelli, Locatelli, Vivaldi, Corelli et Domingo Zipoli. Les œuvres vocales composent approximativement la moitié de la découverte : quarante messes, plusieurs version du Magnificat, psaumes, litanies, hymnes et une quantité importante d’antiennes de louanges à la Vierge. Si dans sa grande majorité, il s’agit de textes latins, nous trouvons également des œuvres en espagnol et une trentaine composées sur des textes en chiquitano qui fut la langue aborigène commune aux diverses ethnies réunies par les pères jésuites dans les réductions.
Ce Corpus témoigne de la richesse culturelle musicale que les jésuites avaient su développer, en union avec les indigènes, durant le processus d’évangélisation du nouveau continent.
Il est important de souligner que parmi les manuscrits découverts se trouvent des compositions de musiciens indigènes, puisque eux aussi apprirent les techniques de compositions musicales.
Aujourd’hui, au vu de cet héritage culturel américain, nous avons le devoir de prendre conscience de sa richesse, de nous l’approprier et de diffuser ce langage peu connu qui élève l’esprit de l’homme.
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