Tweets anonymes – De la violence à la bêtise et de la bêtise à la violence
Éternel débat autour de la poule et de l’œuf. La violence engendre la bêtise et la bêtise engendre la violence, mais qui est à l’origine de ce cercle infernal ? Le cycle est engagé depuis tellement longtemps qu’il est bien difficile de savoir ce qui l’emporte sur l’autre et pourtant, le sage passe pour un non violent. La violence, en effet, est aveugle, difficilement contrôlable. Elle est en même temps sa propre fin puisqu’elle donne la satisfaction d’avoir le dernier mot. Satisfaction illusoire s’il en est puisqu’elle cherche davantage à faire taire, à écraser qu’à gagner l’autre à sa cause. Finalement la violence est le succédané de la pensée défaillante. En ce sens elle renvoie à la sempiternelle loi du plus fort et vous me voyez venir, au sacro-saint rapport de force.
La violence est aussi la conséquence de peurs non maîtrisées. Peur de perdre, de ne pas avoir le dernier mot, de souffrir, de ne pas être entendu, de perdre la face, la violence se veut toujours écrasante, destructrice. Je ne parle pas là de ce que l’on appelle la violence légitime qui appartient aux États par exemple, en ce qui concerne la peine de mort.
S’abandonner à la violence ratifie la carence de l’intelligence en même temps que l’orgueil de ne pas vouloir reconnaître sa défaillance tant en matière de sagesse que de courage quand la peur nous gagne. L’engrenage incontrôlé de ces peurs, de cet orgueil et de l’incapacité à « convertir » l’autre est donc alimenté en grande partie par la bêtise impulsive (laissons de côté les troubles psychiques personnels qui viennent aggraver le fait). Bref l’abêtissement des masses, en fait des bêtes. Mais ne prenons pas trop de distance avec ces bêtes humaines qu’il nous est si facile de stigmatiser. La violence de tweets anonymes, de commentaires haineux que nous sommes nombreux à être capables de poster témoignent malheureusement que nous sommes « comme les autres ». Nos peurs, nos carences de formation, nos doutes nous conduisent parfois, voire souvent, à terrasser l’autre par mille formes de violences.