J’avoue être autant effaré qu’exténué en parcourant les réseaux sociaux. Une sinistrose carabinée a envahi les moindres recoins de la toile. Tout y passe ! De la dictature macronienne, aux millénarismes de tous bords, en passant par la phobie Trump, il n’est pas une occasion de broyer du noir qui ne soit absente du web. Nous sommes, à lire ce flot pessimiste, aux portes de la fin du monde. Le cataclysme apocalyptique est en marche et notre fin est proche ! Prophètes de malheurs, donneurs de leçon en pantoufles, individualisme libéré par les fins dernières approchantes, bulletin de santé du monde publié quotidiennement sur certains profils et autre Cassandre à postériori s’en donnent à cœur joie. C’est à qui sera le plus noir. Et de gris clair, en effet, nous basculons peu à peu dans un monde noir bien sombre, car la grisaille sans lumière a un effet démultipliant sur les esprits et l’imagination galopant sur cette grisaille a vite fait de voir les feux de l’apocalypse fondre sur le pauvre monde apeuré autant qu’hébété.
Ahuri, j’ai envie de clamer : Non mais Stop ! Réveillez-vous ! Il faut savoir raison garder ! Le monde a traversé bien pire qu’un virus ! Nos anciens se sont battus contre des chimères bien plus apocalyptiques ! Nous ne sommes pas en guerre, il n’y a pas de famine, la terre tourne toujours dans le même sens. Qu’est donc notre âge pour trembler devant un bleu sur la jambe au point d’y voir la fin du monde quand nos aïeux, pas si lointain du reste, étaient capables d’endurer privation et guerres ? En quoi le séisme nazi est-il plus doux à supporter que nos bobos actuels ?
Que sommes-nous devenus pour trembler face à un simple virus qui ne fait pas plus de mort qu’une guerre et qui est loin derrière la grippe espagnole ? A refuser de faire usage de la raison au profit de l’émotion, nous laissons la peur nous gouverner. C’est le principe même d’une phobie qui ne disparait que lorsque la raison a pris le dessus. Ici, nous ne raisonnons plus, l’émotion est notre véritable tyran, plus qu’Emmanuel Macron et ses maladresses autoritaires. J’ai envie de dire « respirons un bon coup ! Posons les choses avec lucidité et remettons les bobos à leur place ». Car oui le Covid, à l’échelle de l’histoire de l’humanité est un bobo. L’importance que nous lui donnons est, à mon sens, le vrai problème de l’humanité actuelle, parce que plus que tout autre symptôme, cela révèle la démission de la raison qui depuis des décennies tire l’humanité vers le bas, la réduisant à une juxtaposition d’êtres émotifs, quant ils sont par nature, être de raison.