La liberté pilier de la Doctrine sociale de l’Eglise
Voilà une évidence bien mise à mal ces temps-ci ! Les catholiques s’étripent même, évêques en tête, sur ce thème à l’occasion de l’autorisation de célébrer ou non des messes. Je ne prendrai pas part à ce débat ici. Je souhaiterais juste poser ou reposer quelques éléments pour la réflexion générale et bien au-delà de la question de la messe. Il est évident que la liberté est soumise à rude épreuve depuis quelques temps et pas seulement depuis les mesures sanitaires. Mais là encore je ne veux pas me livrer à l’historique des entraves faites à la liberté par les deux derniers mandats présidentiels, pour ne me référer qu’à eux.
La liberté, pour la Doctrine Sociale de l’Eglise est constitutive de la dignité humaine. Elle l’est parce qu’elle participe de la ressemblance à Dieu. Elle l’est parce qu’elle nous distingue des animaux, dans la mesure où elle suppose l’exercice de la raison et du discernement. Elle l’est parce qu’elle ouvre au choix du bien et du mal et par là conditionne notre amour, autre point de la ressemblance à Dieu.
Être libre et la liberté sont deux choses distinctes. La liberté est une capacité, être libre est la réalité concrète de ce potentiel. L’expression elle-même « être libre » mériterait des pages et des pages de développement. Être, c’est tout à la fois exister comme réalité concrète et unique, mais aussi la réalisation constante et permanente, celle que certaines langues traduisent par « être en train de ».
Je suis, c’est une réalité, mais cette réalité évolue dans le temps tout en étant toujours moi. Si je peux être libre, c’est que par nature j’ai cette capacité. La nature humaine comprend en elle de façon native et par définition la capacité à être libre. Avoir la capacité d’être libre, ne signifie nullement être libre. Encore faut-il mettre en œuvre, activer cette capacité. En réalité nous ne naissons pas libres, nous naissons avec la capacité d’être libres. Ce qui signifie que pour être libre, il faut activer notre capacité à la liberté.
Or qu’est-ce que la liberté ? Avant tout une capacité, un potentiel. Comme tout potentiel, il faut s’en servir pour le développer. Sans quoi il reste à l’état passif, dormant, inutile, comme si nous ne l’avions pas. Ainsi donc, nous sommes en permanence potentiellement libres, mais nous ne sommes réellement libres que lorsque nous usons de notre capacité. Or cette capacité de liberté est le croisement de deux autres capacités, deux facultés fondamentales qui sont propres à l’Homme, à l’ange et à Dieu, l’intelligence et la volonté. En définitive, notre capacité à être libres nous vient de notre faculté de vouloir et de notre faculté de raisonner. La volonté, par nature est orientée au bien, ou du moins à ce que l’intelligence présente à la volonté comme étant bien, même si c’est un bien qui prend la forme du moindre mal, comme dans le cas de la bourse ou la vie.
Ainsi, la liberté est une capacité à choisir le bien. Il y a donc deux obstacles à notre liberté. Une volonté défaillante ou une intelligence erronée qui présente un mal comme un bien. C’est tout l’objet de la manipulation par exemple. En définitive, la liberté est notre capacité à choisir et donc à discerner le bien. Est libre celui qui sans entrave (à commencer en lui-même) peut choisir le bien. Est donc libre celui qui est capable de discerner le bien pour pouvoir le choisir.
On peut perdre sa liberté quand l’intelligence est erronée et quand la volonté choisit pour bien ce qui ne l’est pas. Être libre n’est donc pas une disposition acquise, mais une réalité qui est ou non mise en œuvre à chaque décision. Ainsi nous pouvons être libres sous certains aspects et ne pas l’être sous d’autres. Ceci pour notre liberté personnelle, dépendant de nous-même.
Mais nous pouvons être privés de liberté par des lois rendant impossible notre capacité à choisir le bien, voire de choisir tout court, comme par des procédés de manipulation qui nous empêchent d’avoir accès à la vérité.
La liberté, capacité à choisir le bien est donc intrinsèque à la dignité humaine, puisque cette capacité est dans la nature humaine et l’ouvre au choix, à l’amour et donc au bonheur. Cette capacité ne peut être diminuée, sauf cas de dépendance mentale et dans certains cas de dépendances physiques. La capacité, pour l’immense majorité des êtres humains demeure intact et de fait inaliénable. Mais son activation, ce qui fait qu’on est effectivement libre, peut être entravée, diminuée, spoliée de diverses manières. Les lois liberticides, les mensonges et propagandes diverses, les jeux multiples sur les peurs, les pulsions, les dépendances addictives, mais aussi par nous-mêmes qui pouvons préférer le confort à la liberté, la facilité de ne pas chercher la vérité, à la liberté.
Evidemment, les lois liberticides vont jouer sur nos propres failles en matière de liberté, à commencer par les peurs et les paresses intellectuelles.
Nous pouvons tous être libres, mais le voulons-nous vraiment ?