
Le train fantôme est lancé. Emballé dans sa course aveugle, il croise sans les voir les témoins patients du déraillement à venir, seul capable d’arrêter la machine infernale avant le précipice. Dans la foulée de la loi sur l’euthanasie des mineurs qui, à défaut d’avoir soulevé une vague de contestation sans précédent, aura au moins été l’objet de quelques réactions, un autre texte de loi a été adopté le 11 mars dernier par nos organes démocratiques, dans une urgence toute factice. La loi sur la transmission du nom de l’enfant a été votée en commission à l’issue de débats joués d’avance, où le mot égalité fût une fois de plus pressé jusqu’à en faire sortir le jus le plus abject.
Désormais, ce n’est plus nécessairement le nom du père qui sera attribué à l’enfant. Liberté de choix, et égalité des sexes obligent, il était temps de mettre un terme à une oppression patriarcale millénaire. Pourquoi s’insurgerait-on? La transmission du nom du père ne date jamais que du XIème siècle. Elle entérinait jusqu’au 11 mars dernier l’autorité paternelle, se faisait le reflet de l’engendrement au monde propre à la paternité, et assurait la reconnaissance du père, quand la maternité peut difficilement être remise en question. Karine Lalieux, égérie du féminisme égalitaire, admet qu’il s’agit de changer ce que le nom de famille reflète. L’attaque est donc frontale, la volonté de détruire assumée.
Sans doute n’y a-t-il pas de quoi fouetter un chat : à l’heure de l’avortement sans conditions, de l’euthanasie et du mariage pour tous, des PMA et GPA, des familles éclatées et de la crise économique, cette loi n’est, de loin, pas la pire. Mais la vérité est qu’elle constitue une étape symbolique dans la destruction programmée des familles ; elle me touche donc particulièrement en tant qu’homme et futur père de famille. Si le monde s’ingénie à saper l’autorité et le rôle du père depuis une cinquantaine d’année, c’est qu’il refuse la paternité comme une composante naturelle fondamentale. La portée symbolique de cette loi est très profonde, et si ses détracteurs potentiels n’y ont vu que du feu, ses partisans ne s’y sont pas trompés.
Pourquoi s’insurgerait-on? La transmission du nom du père ne date jamais que du XIème siècle. Elle entérinait jusqu’au 11 mars dernier l’autorité paternelle, se faisait le reflet de l’engendrement au monde propre à la paternité, et assurait la reconnaissance du père, quand la maternité peut difficilement être remise en question.
Il faut toutefois reconnaitre que pour une fois, notre pays n’aura pas été pionnier en matière d’innovation égalitaire. Déjà bien sur les rails, il lui suffisait de se raccrocher aux wagons de ses voisins européens qui avaient auparavant franchi le cap à toute vapeur. Si beaucoup d’esprits belges, trop habitués au pire pour réagir à son cadet nommé suivisme, ont renoncé à s’insurger d’une telle mesure et si un plus grand nombre encore sont favorables à cette « avancée », c’est bien que les mentalités, prêtes pour le « changement », sont vaincues d’avance par un formatage qui ne dit pas son nom.
Pour s’en convaincre, il suffit de reprendre les propos de Catherine Fonck, qui admet sans gène aucune dans la Libre Belgique du 11 mars dernier, jour du passage de la loi, que celle-ci « n’est pas une priorité et [qu]il n’y a pas de demande sociétale en ce sens. Mais il est vrai que le projet de la ministre répondait à une demande de l’Union européenne qui veut en finir avec la transmission systématique du seul nom du père. » Alea jacta est.
L’Union européenne a tranché. Le vilain petit canard belge a même été rappelé à l’ordre pour discrimination par son maître bruxellois (pas Rudi Vervoort, vous l’aurez compris). Que les peuples « souverains » désirent ou non ce changement n’a aucune espèce d’importance. Circulez braves gens, les commissaires du peuple s’occupent de votre bonheur. En réalité, la circulaire à laquelle se réfère madame Fonck date de 1978, lorsque « le Conseil de l’Europe adopte une résolution qui recommande aux gouvernements des Etats membres d’assurer ou de promouvoir l’égalité des époux en droit civil, notamment en ce qui concerne l’attribution du nom de famille ». Voyez l’urgence. Il s’était écoulé 36 ans, 37 eurent été intolérables.
Nos maitres ont posé les traverses il y a des décennies dans des textes ignorés de la plupart; le train s’est mis en branle dans l’indifférence générale, a produit son accélération durant les heures de la nuit avant d’atteindre sa vitesse de croisière à l’aurore du renouveau des peuples. Plus besoin de se cacher, l’ombre évolue désormais dans la lumière, comme en témoignent le récent changement de logo de la commission européenne, le rapport Lunacek et les prises de positions de l’UE sur le problème ukrainien. Et j’en passe. Cette loi découle de l’accélération du processus de déconstruction des nations, des familles et des individus, planifié en haut lieu par des gens qui ne s’arrêteront qu’après la catastrophe à la Saint-Jacques-de-Compostelle qu’ils préparent dans leur aveuglement.