
Suite à l’article intéressant écrit par Bernard Zimmern le 3 Décembre 2014 sur le site emploi-2017.org nous vous proposons une petite analyse du risque de conflit Américano-Chinois.
On ne reviendra pas sur les rivalités et conflits d’influence entre la Russie et le bloc Otanien (EU) de ces derniers temps, autour d’un conflit Ukrainien qui trouve son origine à la fois dans l’histoire (redécoupage artificiel des frontières durant l’époque Soviétique) et la politique (volonté des EU de récupérer dans son giron le plus grand nombre de pays possible et de marginaliser les autres), bien que ce soit lié au thème principal de cet article.
Jusqu’à la chute de l’Union Soviétique, le monde était divisé en deux grands blocs, le bloc communiste d’un côté, et le bloc Américano-Européen de l’autre. Depuis l’explosion de ce premier bloc, la situation s’est complexifiée et le monde s’est fragmenté de manière visible en un plus grand nombre de blocs avec pour corollaire la complication pour les EU de continuer à jouer le rôle de « gendarme du monde » et d’unique superpuissance contrôlant le reste du monde.
Cette volonté hégémoniste des EU ne se limite pas à l’occident, mais aussi au monde Asiatique. La Chine gagne chaque jour en puissance et en assurance, et risque à tout moment de remettre en cause la suprématie Américaine dans cette partie du monde. Son PIB nominal atteint en 2013 70% de celui des États Unis, et son PIB PPA plus de 95%. Cependant, rapporté à la population, le fossé est encore énorme. Si les Chinois sont beaucoup moins riches que les Américains, la Chine se rapproche rapidement du moment où elle aura un poids global économique similaire ou supérieur à celui des EU, mais reste principalement un pays de production. Elle est encore très en retard sur le plan technologique, aussi bien en ce qui concerne l’innovation que la fiabilité, mais n’hésite pas à financer généreusement de nombreuses initiatives destinées à rattraper son retard (production d’énergie, conceptions d’avions, accès à l’espace, …).
Dans ce contexte de montée en puissance, la Chine affirme chaque jour un peu plus ses prétentions économiques mais aussi territoriales. Elle impose petit à petit sa suprématie sur des îles et îlots parfois plus proches de la pointe sud du Vietnam que de la Chine, n’hésitant pas à y construire des bases militaires. L’enjeu qui se cache derrière ce qui ressemble à des annexions est celui de la maîtrise de la ressource pétrolière très présente en mer de Chine du Sud, et indispensable au fonctionnement de l’économie Chinoise. Pour protéger sa zone d’influence, la Chine a considérablement modernisé son armée, achetant massivement des équipements russes pour ensuite les copier et les adapter à ses besoins, ayant su améliorer la qualité de sa production ces 10 dernières années.
Cependant, la Chine ne semble pas avoir de prétentions hégémonistes mondiales, se cantonnant pour le moment à la mer de Chine et l’Océan Indien (où elle dispose de nombreuses bases). Si sa marine de guerre mène de temps en temps des missions jusqu’à la côte est de l’Afrique ou des visites de courtoisie aux pays de l’UE, elle ne dispose pas encore de moyens de projections et de soutiens suffisants et ne semble pas vouloir se lancer dans une course à l’armement avec les EU.
Alors, y a-t-il un risque de conflit Sino-Américain ? De conflit armé ? Il est clair que l’importance grandissante de la Chine déplaît aux EU dont l’armée a connu de considérables réductions d’effectifs. Cependant, les EU n’ont plus les moyens de faire de telles guerres. Et l’interdépendance de la Chine et des EU est bien trop grande pour permettre un tel conflit.
Les Chinois détiennent une grande part de la dette Américaine et les Américains dépendent de la production chinoise. Pire, la Chine qui détient de 30 à 50% de la ressource en terres rares (minéraux de la classe des métaux aux caractéristiques très particulières) extrait et exporte 95% du volume mondial de ces terres nécessaires à la production des batteries, écrans plats, composants électroniques…
En cas de pénurie, le monde serait vite paralysé, y compris sur le plan militaire. Les EU n’ont donc aucun intérêt à se lancer dans un tel conflit, sauf s’ils sont sûrs de pouvoir compenser nationalement la production Chinoise, ce qui n’est pas garanti.
Le risque de conflit à grande échelle est surtout important sur le plan commercial et économique. De fait, on se rapproche plutôt d’une guerre des devises, le dollar commençant à être remplacé (à la marge) pour certaines transactions internationales, et d’une guerre économique afin, pour les EU, de contrôler le commerce mondial (dont le traité TTIP entre l’UE et les EU n’est qu’un premier pas au bénéfice des EU). Le risque militaire, lui, devrait rester localisé, à l’instar de ce qui se passe en Ukraine. Il n’est pas dit que tout le monde accepte d’être le vassal des EU.