Dans un continent où le relativisme semble triompher, quel défi devons-nous affronter aujourd’hui ? Nous devons témoigner de la Vérité, non brandir des valeurs. Nous ne pouvons plus taire les principales questions qui pèsent sur une société qui a perdu son propre sens et la simple conscience d’elle-même et pour qui la « non-discrimination » est érigée en principe fondateur et l’égalitarisme en dogme. Nous ne devons pas avoir peur d’aborder tous les sujets délicats : la sexualité, la mort provoquée, le relativisme, l’avenir des jeunes…
Il est nécessaire d’éclairer le public contre les subtils bouleversements auxquels nous pourrions assister.
Nous sommes parvenus à la croisée des chemins. Les socialistes ont salué la victoire de François Hollande comme un moment historique. Mais à y regarder, ce n’est pas cette élection qui est historique, c’est le moment lui-même. Car en ce début de XXIème siècle, nous pourrions bien assister à un radical changement de société. Tout est prêt pour cela. Une opinion publique anesthésiée par la bien-pensance ambiante, le rejet systématique d’un éclairage éthique ou religieux, un gouvernement dominé par un électoralisme et l’idéologie selon laquelle nous serions incapable de discerner le bien du mal : bref, un aveuglement général des consciences.
Au moment où l’on réclame l’ouverture d’un débat en France concernant le mariage entre personnes du même sexe, nous devons reposer les questions principales qui pèsent sur une société oublieuse d’elle-même. Quels défis seront lancés aux Français avec ce débat ? Face à la confusion, il n’y a pas d’autre réponse que la clarté et la transparence de la vérité. La vérité est accessible à tous. Et en France, elle demeure encore enracinée dans notre culture. Voilà pourquoi nous devons, partout, nous investir dans les débats culturels et politiques touchant au domaine de la sexualité, de la vie, de l’éthique, en un mot, tout ce qui attrait à la dignité humaine. Devant la tendance visant à détourner le mariage de sa juste acception, nous devons nous engager en affirmant le principe de réalité, et cela même si notre attitude devait un jour être jugée comme hors-la-loi.
Nous devons sans relâche former notre conscience et nous comporter comme elle nous l’indique, avec une intelligence et une volonté droites : analyser les situations et comprendre les tendances qui dévalorisent la pensée humaine, sans tomber dans un discours idéologique.
Pour obtenir des résultats sur le plan politique, il nous faut refuser la compromission sur de tels sujets. Aussi devons-nous être enracinés dans la réalité. On ne peut pas, on ne doit plus tromper nos concitoyens avec des valeurs humaines tronquées et affadies parce que coupées de leurs racines.
L’issue ne dépendra pas seulement de notre action, certes. Mais même sans résultats politiques, nous saurions alors, en conscience, que nous aurions mené le bon combat. C’est cette conviction qui doit nourrir notre détermination. Le « succès » n’est pas entre nos mains. Nous devons simplement témoigner de la vérité et la rendre attractive, par la mise en lumière de la beauté et de la bonté naturelles qu’elle porte en elle.
Nous devrons répondre devant les générations futures de ce que nous avons fait. La génération précédente, celle des années soixante, a laissé détruire la famille. Nous avons la responsabilité, au moins, de témoigner de la vérité et de la faire aimer. Ce n’est pas une bataille facile, mais en réalité, elle ne l’a jamais été, à aucune époque.
Et pour l’affronter, nous n’avons pas à concevoir de vastes stratégies puisque ces questions relèvent directement de notre nature et de notre identité. Il devrait suffire de dire la vérité… Or nous ne pouvons pas cacher que nous sommes dans une situation difficile en Europe : les adversaires d’un humanisme durable utilisent particulièrement la question de l’orientation sexuelle pour étendre leur influence et saper cette cohérence qui permet à l’homme de s’épanouir en vérité.
Nous sommes dans une situation de confusion et c’est pourquoi nous sommes faibles : nous ne percevons plus la pertinence de la réalité. Dans toutes les institutions, « l’esprit du monde » cherche à s’insinuer, cet esprit qui vise à rabaisser l’homme en limitant ses besoins aux seuls communs avec le règne animal.
Partout, l’on cherche à s’adapter au « politiquement correct ». Ne sachant plus où réside sa sauvegarde, la société moderne est dominée par la peur.
Nous nous sentons perdus, alors que nous devrions nous appuyer sur ce qui a déjà fait ses preuves pour donner confiance en l’avenir.
Heureusement, certains savent encore résister à cette confusion des repères, en restant fidèles à leur conscience. Refusant la peur, nous devons porter sur le terrain politique les valeurs qui fondent notre civilisation, afin de retrouver des appuis sûrs, fondement de notre progression humaine. Et ces valeurs fondatrices de notre civilisation chrétienne ne peuvent être proclamées de manière idéologique. Il ne suffit pas d’affirmer qu’elles sont bonnes mais il nous faut montrer qu’elles sont bonnes parce qu’elles sont justes. Il faut donc changer d’angle d’approche et s’appuyer sur la réalité.
Dans beaucoup de domaines, nous serons appelés à poser des choix clairs et à résister à cette volonté de détournement du bon et du vrai : il n’est ainsi pas exclu qu’un jour, les médecins se voient obligés d’agir contre leur conscience. La récente discussion au Parlement européen visant à restreindre la pratique de l’objection de conscience, notamment dans le domaine de l’avortement ou de l’euthanasie, l’illustre.
L’Europe connaît actuellement une révolution radicale, qui s’attaque violemment aux fondements pluriséculaires de sa propre civilisation, cherchant à redéfinir les notions de famille et de sexualité. Cette révolution est à l’œuvre dans les plus grandes organisations mondiales comme l’Organisation des nations unies, au sein même de l’Union européenne et de nombreux gouvernements, massivement appuyés par les médias. Des moyens techniques de contrôle et de manipulation psychologiques des masses sont utilisés pour que ce totalitarisme soft continue à miner ce qui reste de la culture chrétienne. L’Europe voit s’instaurer des références nouvelles, comme le « mariage » entre personnes du même sexe, équivalent dans tous ses effets au mariage entre un homme et une femme. Et ces références sont justifiées par des raisons non plus humaines mais « fondamentales ». Or qu’entend-on par fondamental quand une société n’a plus de fondements ?
L’égalité de traitement ne peut rendre naturel une notion qui ne l’est pas. Sur ce point nous serons appelés à répondre chacun, personnellement. Et la question ne sera pas « cela est-il bon ou mauvais ? » mais bien « est-ce vrai ou faux ? ». Nous naissons homme et femme ; et c’est seulement dans l’union constituée par ce couple que l’humanité peut continuer à exister. Ce n’est pas du relativisme, mais une absolue vérité.