L’écologie attitude – Bon sens ou mode conditionnée ?
L’incontournable du moment c’est bien l’écologie. Et je dirais volontiers… Enfin !
Reste à savoir ce que l’on en fait ! Est-ce une mode ? Est-ce une passade ? Est-ce un enjeu ? Est-ce une idéologie ? Est-ce une récupération médiatique ? Est-ce un dérivatif, un moyen de détourner les gens d’autres réalités ?
Comme dans bien des cas, c’est un peu tout cela à la fois. Partant d’un constat, d’une réalité, d’une idée noble de pionniers lanceurs d’alerte, parcourant la société parfois inquiète, longtemps indifférente, aujourd’hui anxieuse, certains ont pris le train en marche, contraints et forcés, d’autres ont récupéré l’opportunité ou les peurs ou surfé sur la vague lucrative. Et tout cela a contribué à diluer le message, à le codifier parfois, voire à le normer au point de ne voir plus l’écologie que comme des règles à respecter ou une attitude à la mode pour être « in ».
Le fait est qu’aujourd’hui, les entreprises, les grandes firmes, comme les petites entreprises, sont contraintes de respecter un cahier des charges écologique contraignant et punitif et pour les entreprises cotées en bourses, l’éthique devient une vitrine vendeuse. C’est mieux que rien, mais cela dénote un problème de fond… l’écologie a encore du chemin à faire pour devenir un réflexe, une évidence, une « attitude » de fond. Aujourd’hui c’est la contrainte qui sert de tuteur aux forêts en périls, mais la contrainte ne tient jamais longtemps, d’autant qu’on cherche toujours à la contourner. Les accidents récents, comme Lubrizol à Rouen par exemple, sont assez évocateurs. Il y aurait beaucoup à dire sur les normes, les labels et les chartes qui consistent à cocher des cases à minima plutôt qu’à respecter l’environnement. Retenons simplement que tant que le respect de l’environnement dans une vision globale de la nature et de l’Homme ne sera pas une évidence, bref du simple bon sens, et donc un reflexe pour les acteurs économiques, la cause écologique demeure fragile.
Mais ne nous dédouanons pas si vite en nous cachant derrière de méchants industriels et financiers. Les habitudes de consommations de nous, simples particuliers, sont solidement enracinées et les déloger n’est assurément pas pour demain ! Nous voyons une mode, une sorte d’écologie attitude » se mettre en place, chez les jeunes et les citadins, ceux que d’aucuns appellent les « bobos ». Une attitude qui se veut respectueuse de l’environnement. On achète bio (cher), on fait du tri sélectif, on va à vélo, on est vigilant sur la consommation d’eau (un peu moins sur la consommation d’énergie électrique). C’est un état d’esprit pris dans une mode, mais qu’en serait-il sans l’effet mode ? Ma question est : cela est-il durablement enraciné, ou est-ce une sorte de sentiment d’appartenance, de satisfaction d’être dans le mouvement ? Probablement un peu des deux, selon les personnes. Il n’empêche que même sous couvert de mode, cela fait du bien à l’environnement. Mais est-ce un réflexe ? Y a-t-il une véritable prise de conscience de notre responsabilité (toujours) personnelle à notre place dans la chaîne écologique ?
On voit les jeunes très concernés et sincèrement attentifs à l’environnement, avec une grande conscience des enjeux. C’est indéniable et porteur d’espérance. On voit également des personnes de tous âges, qui, tel Monsieur Jourdain, font de l’écologie sans le savoir, parce qu’ils ont été tout simplement éduqué au respect et à la responsabilité, parce qu’ils ont « du bon sens ». Respect de l’environnement et des autres y compris des générations à venir, ce qui suppose une éducation à la responsabilité.
Et, si vous le permettez, c’est là que je voulais en venir. Si l’écologie n’est qu’une idéologie, elle ne sera qu’une passade. Elle ne résistera pas aux vents contraires. L’enjeu écologique est bel et bien éducatif. Une éducation à la responsabilité, à l’heure où au contraire on cherche à se déresponsabiliser de plus en plus. Education au respect de la nature et des autres, car comment peut-on imaginer respecter la nature si on ne respecte pas les être humains qui nous entourent (de près ou de loin).
Pour que « l’écologie attitude » ne soit pas une mode qui se démode, il faut qu’elle soit un réflexe, une habitude et cela ne s’impose pas par la contrainte, qu’elle soit pénale ou par la pression sociale du groupe, mais cela s’éduque. Or éduquer prend du temps, plus que contraindre, mais les effets sont bien plus durables !
Cyril Brun
Anthropos Consultant