
Ouvrir une bouteille de vin c’est prendre un billet de voyage. La bouteille, le nom nous plongent au cœur d’un terroir, d’un climat, de souvenirs personnels parfois, bien avant de nous inonder de saveurs.
Mais à l’occasion d’une cuvée, c’est aussi une plongée dans l’Histoire, celle des moines cisterciens de Bourgogne, ou de l’empereur Charlemagne, ou plus modestement, dans l’intimité d’un domaine, d’une tradition, d’une ou de plusieurs familles. Tel est le cas de la première gorgée des vins du domaine Château Ollieux Romanis. Bien des régions ont une histoire viticole puisant ses racines dans l’antiquité. Peu de domaines, cependant, peuvent s’émerveiller d’une si longue continuité. Quoiqu’il en soit des soubresauts de l’Histoire locale, les terres qui font aujourd’hui le domaine, unies, divisées et récemment réunifiées, prieurales ou privées, libres ou en conflits, ces terres signent une remarquable continuité. Mais ce n’est pas tant cette continuité viticole que la constante progression dans la connaissance et l’usage du terroir qui font l’unité actuelle du domaine. Soucieux du respect de la terre, bien avant la vague de protection actuelle, engagé de longue date dans un travail proche de la nature, le domaine de mains en mains n’a pas attendu le renouveau des vins du Languedoc pour sortir des flacons de qualité.
Aujourd’hui, sur un sol riche et varié, conscient tout autant de l’unicité de chaque parcelle que de leur complémentarité, fort d’un apprivoisement des particularités climatiques propre à chaque espace, la vinification tire partie du terroir, du savoir et du savoir-faire, pour offrir des vins de belle qualité, au goût du jour.
Nous avons gouté pour vous, le Corbière blanc 2019 qui nous a séduit, au point de vouloir vous présenter le domaine. Un grenache blanc qui exhale herbe fraiche, acacias et sa légère onctuosité miellée que tend une belle fraicheur et un très léger fruit blanc, ravigoté d’une petite pointe d’acidité. Cette tension acide délicate est rapidement enveloppée d’une courte rondeur en bouche qui accompagne parfaitement des crevettes dans un va et vient imperceptible de chair et corps en bouche.
Cependant, l’acidité remonte extrêmement vite à la chaleur et mieux vaut le tenir au frais et servir de petits verres répétés. Il n’est pas besoin de lui donner le temps de s’oxygéner, le nez est d’emblé ouvert, mais au bout de quelques heures, de légers agrumes ressortent, et au final il se caramélise même légèrement.
Une très légère amertume de verdeur invite à lui laisser encore quelques mois, mais guère plus d’une année cependant.
Quant au domaine, il offre variété de vins, mais aussi une table à la vue imprenable !