La foire aux vins pour amateurs en herbe – 2021

La foire aux vins pour amateurs en herbe – 2021

C’est parti, ou ça va partir selon les enseignes ! La grand-messe typiquement française des foires aux vins bat son plein. Mais, il faut bien le reconnaitre, pour l’amateur non éclairé (soit près de 90% des habitants du pays de l’or en bouteille), foire aux vins ou rayons de tous les jours des supermarchés, c’est le même flou artistique. Enfin quand il est artistique, ce qui, il faut bien le reconnaitre, est assez rare dans les rayonnages sur éclairés de la Grande distribution, GD pour les intimes.

Alors… avant de vous lâcher munis de votre carte repère (pas la marque de l’enseigne pourtant à l’origine des foires aux vins) concoctée comme chaque année par les plus grands experts, je voudrais vous munir d’un petit fil d’Ariane voire de deux ou trois.

Le premier devrait vous conduire au cœur des foires, c’est-à-dire leur état d’esprit ou devrais-je préciser, leur nouvel état d’esprit. A l’origine nées d’une double initiative ponctuelle et isolée, perdue au fin fond des landes bretonnes où Leclerc s’était implanté, il s’agissait de faire du fric, enfin d’éviter d’en perdre les mois creux de ces automnes tristes des années 70. Peu à peu devenue le moment phare de toutes les grandes enseignes, la foire au vin du tournant de l’été a d’abord pris les voies faciles de la GD, entendons une catastrophique opération marketing de massacre des papilles. Du volume, du pas cher, pour plus de volume et plus de pas cher. De 300 à plus de 700 références toutes plus catastrophiques les unes que les autres. Mais bon c’est la foire et dans un Bazard, on le sait, tout le monde croit faire des affaires. Mais, mis à part les offres commerciales qui vous proposent des tarifs dégressifs et des bouteilles gratuites par lot acheté, quelle différence avec les jours de non-foire, sinon l’apparition de bouteilles spécialement mises en rayon pour l’occasion ? Pourtant, lorsque les cavistes se sont emparés de l’événement, il a fallu aux grandes enseignes s’aligner et depuis 2016, la foire aux vins de GD, c’est bel et bien le temps des affaires. Et de bonnes affaires sélectionnées par des grands sommeliers. Pour autant, le dédale d’offres n’en demeure pas moins obscur pour le néophyte et les mauvaises affaires, comme la mauvaise herbe, n’ont pas disparu.

Second fil d’Ariane, pour ne pas ne pas emprunter le chemin des mauvaises affaires, les vins de GD. Ils ne vont pas quitter si vite la place du marché ! Pour être dans la grande distribution, il faut faire du volume. Or, volume et qualité vont rarement de paire. Gardez à l’esprit qu’en GD, six types de qualités se côtoient, pourvue qu’il y ait du volume.

– Les vins de négoce ont le haut du panier volumineux. Ce sont des vins qu’on repère parce qu’ils sont indiqués comme « mis en bouteille par » et non « mis en bouteille au domaine ». Des négociants achètent des vins qu’ils vont eux même mettre en bouteilles sous leur propre marque. Un conseil… à fuir !
– Viennent ensuite les « marques blanches », créées de toute pièce, parfois même par certains vignerons pour écouler un trop plein de stock. On peut parfois tomber sur des choses intéressantes. C’est un peu le principe du déclassement
– Les vins distributeurs, entendons ceux réalisés pour l’enseigne. A fuir la plupart du temps.
– Les vins issus des caves coopératives et là tout dépend des caves. Mais comme généralement ce sont les caves à volume…
– On trouve, pour faire bonne figure, quelques vins de réputation qui ont fini par s’y mettre
– Parfois enfin, à condition qu’ils aient le volume, des vins locaux qui là peuvent être intéressants.

Voilà le panel, bien triste, de la poudre aux yeux de GD.

Mais, encore une fois, les foires aux vins ont notablement gagné en qualité depuis 5/6 ans. Avec les deux fils d’Ariane, vous pouvez déjà vous risquez dans les arcanes labyrinthiques des foires aux vins de GD. Vous pourrez éliminer nombre d’offres.

Mais il en restera encore beaucoup de belles qui risquent bien de vous laisser d’autant plus perplexe qu’aujourd’hui les vins ont nettement progressé et qu’on trouve des vins agréables à très petit prix d’une part et que d’autre part les styles de vins ont bien changé, au point qu’il faut les goûter pour les distinguer. Mon conseil, avant d’aborder la foire aux vins, est de savoir ce que vous voulez pour votre cave. Car l’intérêt de ces foires réside dans les offres qui permettent d’acheter plus. Votre cave, comme votre goût, vont donc guider vos choix. Si vous ne pouvez garder longtemps et dans de bonnes conditions, il est inutile de vous ruiner pour des vins qui ne seront bons que dans quelques années.

Le troisième fil d’Ariane est donc ce que vous voulez faire de votre cave. Cela éliminera encore de nombreuses bouteilles. Peut-être est-ce là qu’un conseil plus personnalisé vous serait utile. Malheureusement, il est rare que sur place en supermarché vous ayez à faire à un connaisseur dans les rayons. Mais, si vous le pouvez, achetez des échantillons pré sélectionnés selon votre goût. Testez et revenez acheter les quantités qu’il vous faut.

Enfin, avant de vous lancer, peut-être vous faudra-t-il aussi choisir votre enseigne ou en faire plusieurs car les propositions ne sont pas interchangeables. Pour cela je vous propose cet article de l’express (ici) qui a fait une sélection par enseigne et par vin des vraies bonnes affaires. Attention, les connaisseurs étudient de longue date ces sélections et se ruent souvent dès le premier jour des foires pour ne pas les rater. La limite de cette sélection de l’express est de ne pas détailler vraiment les bouteilles. Vous pouvez retrouver alors plus de détails dans les magazines spécialisés du mois, comme la revue des vins de France par exemple.

Si vous voulez en savoir plus sur les foires aux vins et la GD, je vous confie ma source toujours aussi enthousiaste, Loïc Geoffray de Vins’tache (par ici).

Commentaires

commentaire

Cyril Brun

Cyril Brun

Cyril Brun est journaliste du vin, critique gastronomique, historien, philosophe et ancien chef d'orchestre Diplômé de maitrise du vin, il est dégustateur et formateur, journaliste et critique gastronomique pour plusieurs magasines ou sites. Titulaire d'une maîtrise en histoire médiévale et d'un doctorat en histoire de l'antiquité, il a été chargé de TD sur Rome et la Grèce archaïque à l'université de Rouen, puis chargé de cours sur la Grèce archaïque et classique, la Mésopotamie et l'Egypte à l’université de Quimper. Les travaux de sa thèse portent sur l'Afrique romaine au IIIème siècle après Jésus Christ, mais il s'est ensuite spécialisé sur la Grèce classique tant pour sa religion que pour ses philosophes. Il parcourt la France pour donner des conférences sur l'anthropologie classique, les peuples mésopotamiens mais aussi la musique, rédiger un guide oenotouristique. Chef d'orchestre depuis l'âge de 16 ans, il a dirigé divers ensemble en se spécialisant dans la musique symphonique (avec une prédilection pour Beethoven) et la musique Sacrée. Il a été directeur artistique et musical de diverses structures normandes : Les jeunes chambristes, la Grande chambre, Classique pour tous en Normandie, les 24 heures de piano de Rouen, le festival Beethoven de Rouen, Le Panorama Lyrique Ces compétences en philosophie, en histoire, en musique, mais aussi en littérature l'ont amené a écrire dans diverses revues musicales ou historiques, comme critique ou comme expert. Poussé par des amis à partager ses nombreuses passions, ils ont ensemble fondé Cyrano.net, site culturel dans lequel il est auteur des rubriques musicales et historiques. Il en est le directeur de la rédaction. Il dirige le site musical CyranoMusique dont il est le propriétaire ainsi que du média culturel Rouen sur Scène. Il est directeur d'émissions culturelles (le salon des Muses) et musicales (En Coulisses), sur la chaîne normande TNVC Il est l'auteur de Le Requiem de Mozart, serein ou Damné ? Les fondements de l'anthropologie chrétienne Une nuit square Verdrel La Vérité vous rendra libre