
Condensé du beau, de l’art, de la culture et des voyages mythiques, comme romantiques, Venise ne pouvait échapper à notre équipe : Ragueneau, Le violon d’Ingres, Cyril Brun et Charles Montmassoon se sont rendus en « chœur » pour vous livrer les secrets de la ville enchanteresse.
Venise, cité des Doges, destination immanquable des amoureux en gondoles. Venise la rouge chantée par Musset. Venise la Fenice de Verdi. Venise la sérénissime. Venise l’envoûtante, l’enivrante, mais aussi l’épuisante, l’harassante.
Qui ne s’est pas perdu dans son dédale de rues à faire pâlir la plus folle des intrigues policières ? Un étroit réduit aux murs rougeâtres de briques, ouvrant sur un mince corridor brûlant de soleil, se faufilant à son tour dans une impasse, vous laissant dérouté sur un des innombrables rios, posé là pour vous faire rebrousser chemin, errant et bien malheureux de n’avoir pas arrimé à la place Saint-Marc votre fil d’Ariane.
Telle est Venise l’insolite, de jour comme de nuit, jonchée de ponts, de places, de ruelles improbables, cerclée d’un périphérique en forme de lagune, sur lequel se presse une file à double sens de bateaux pompiers, d’ambulances, de grues, de bateaux poubelles, de vedettes de la police et l’incontournable bateau-bus, ce célèbre vaporetto concurrencé par les taxis à moteurs ou gondolés. Tout cela dans une fanfare de sirènes, de vrombissements assourdissants, que viennent compléter les barques privées, comme autant de voitures particulières sur une artère encombrée qui s’ouvre, ça et là, sur un rio plus calme ou donne sur le Grand Canal qui serpente sereinement à l’intérieur de l’île, léchant de somptueux palais, parfois flamboyants, souvent désolés, comme à l’abandon.
Telle est Venise, l’illustre cité lacustre, maîtresse des destinées de la Chrétienté du XIIIème au XVIIème siècle, mère de génies politiques (sa constitution pourrait donner à réfléchir aujourd’hui), découvreurs de mondes ou artistes aux noms glorieux. Un contraste de beauté insurpassable et de vie quotidienne moderne. Grandeur et décadence unies dans une sérénité déroutante. Quelle que soit l’heure, la cohue ou le mauvais caractère des touristes, les Vénitiens restent égaux à eux-mêmes, calmes, aimables, souriants et sereins, ne confondant jamais vitesse et précipitation, prenant toujours le temps pour vous, quelle que soit la file qui vous presse derrière. Avec cette façon bien à eux d’allonger l’accent italien, ils vous introduisent à leur suite dans la douceur reposante de la cité lacustre. Avec la même lenteur, ils vous répondront, presque tous, dans un français impeccable et chantant.
Ah Venise, comme Musset t’a bien chantée, calme et sereine ! Pourtant, Venise pour être vécue doit s’apprivoiser. L’équipe de Cyrano, rassemblée pour vous, vous propose quelques petites ficelles, bien simples, pour laisser votre voyage filer sur l’eau au rythme paisible des gondoles.
Que vous arriviez par la terre ou par les airs, il vous faut rejoindre l’île. Vous pouvez le faire par le bus et le train via le pont qui relie le centro storico à la terre ferme, mais nous vous conseillons de vous garer à l’aéroport Marco Polo et de là prendre le vaporetto (il vous en coûtera 25 euros aller-retour par personne) ou le taxi (pour 90 euros par personne). Pour une arrivée enchanteresse qui vous plongera dans le bain de la sérénissime en un instant, partez de nuit.
Il faut un plus d’une heure pour rejoindre l’île, selon votre point d’attache. Mais prenez un hôtel de l’autre côté face à l’île du Lido ou sur cette île même. Accostez à minuit ou même une heure place Saint-Marc. Vous serez accueillis par le palais des doges illuminé, rien que pour vous. Traversez la place, parfois inondée le soir et où se mirent les colonnades et la cathédrale.
Derrière la piazza se trouve, dans une petite rue, un merveilleux hôtel, typiquement vénitien, le Monte Carlo. Avec ses chambres dans le plus pur style du settecento vénitien, vous serez transportés au chœur même de la Venise des grands bals. De là vous pourrez rayonner aisément. Tout revient à la place San-Marco et en quelques minutes à pieds (sans vous perdre) vous pourrez vous réfugier en cas de pluie ou vous reposer entre deux visites. Les petits déjeuners (inclus dans le prix) y sont aussi gracieux que pantagruéliques. Sur une base quotidienne, vous pourrez chaque jour découvrir une nouvelle spécialité, brisant ainsi la monotonie de ces matins damassés. Un peu de spremute vous attend pour accompagner de délicieuses fraises en saison.
En vous attardant, vous pourrez admirer les tentures damassées, spécialités vénitiennes que l’on retrouve somptueusement au palais des doges. Avec l’expérience, vous serez capables d’apprécier la finesse des lustres Murano et du grand miroir qui ornent les murs. Car chacun vous dira qu’il y a Murano et Murano. Et en effet, soyez prudents, Murano est au touriste ce que la place Saint-Marc est aux pigeons ! Les hôtels, les guides, les bateaux ont des accords avec les fabriques de la petite île. Ils perçoivent 30% de ce que vous achetez. Les prix affichés sont très élevés et presque tous proposés à 50%, de sorte que vous avez l’impression de faire une affaire, alors que vous demeurez encore au-dessus du prix réel. Passé cet attrape-mouche, prenez bien le temps de regarder et d’écouter. La pureté du Murano, qu’il soit verre ou cristal (prenez le à 30% de plomb), se reconnaît très vite. Et après quelques échoppes, vous serez surpris de constater que certains lustres font bien pâle figure comparés aux véritables pièces de qualité. Il existe finalement assez peu de commerces et de fabriques proposant de la véritable qualité. Nous en avons identifié quatre. Parmi eux, le « 66 » derrière la place Saint-Marc (face à Dior) qui propose de merveilleux verres d’une incroyable finesse. Le prix moyen du verre est de 80 à 100 euros. Ce qui correspond au prix réel et sérieux. Mais si vous voulez un lustre de qualité à 6 branches pour 1200 euros (livré), il vous faut sans hésitation prendre le bateau et vous rendre dans la rue centrale du Lido, dans l’unique magasin Murano. Là, sans conteste, vous conviendrez de n’avoir jamais vu de Murano avant votre voyage.
La traversée vers l’île et les plages de Lido font partie des incontournables. En prenant un billet de 24 heures pour 20 euros par personne (pour tous les bateaux sauf l’aéroport), vous pourrez accoster sur cette île naturelle, qui fait face au palais des Doges. Arrêtez-vous pour prendre un verre sur la terrasse de la Villa Laguna (mieux réservez-y votre chambre), à gauche en regardant le débarcadère. Prenez un moment de détente exceptionnelle en contemplant par-delà la lagune le palais des Doges et le Grand Canal. Puis mettez-vous en route par l’artère centrale qui fait face au dit débarcadère. En dix minutes vous serez de l’autre côté de l’île, nez à nez avec une immense plage de sable fin où vous pourrez vous baigner, pique-niquer et vous prélasser au soleil. Ne vous inquiétez pas, une nuée de vendeurs vous proposera parasols et tapis de bains. Après ce farniente que nous vous invitons à faire en milieu de séjour, pour délasser vos jambes fourbues par des heures de marche et de piétinement sur le pavé de la Sérénissime, reprenez le bateau pour Murano, équipés de votre sagacité à discerner le vrai du faux. Selon vos goûts, vous trouverez peu ou pas de choses qui vous plairont. Mais dirigez-vous vers la fabrique Ai Dogi qui propose une démonstration, très intéressante, par un maître souffleur. Si vous choisissez de déjeuner sur cette petite île reculée, sachez qu’il y a peu de tables, mais en vous éloignant vous pouvez trouver de vraies perles. D’une manière générale, si vous évitez les pizzas sur le pouce, les tables vénitiennes sont très bonnes voire tout simplement exquises et vous pourrez faire une cure de poissons et fruits de mer au goût lacustre très prononcé.
De retour sur la cité, en passant par l’imposant cimetière fortifié et le périphérique, prenez le temps d’une gelati place Saint-Marc au son des troubadours. Il vous en coûtera cependant, outre le prix (élevé) de la consommation, 6 euros par personne pour vous prélasser aux sons des plus grandes romances italiennes.
En matière de musique, si vous avez la chance d’être sur l’île au moment d’un spectacle, n’hésitez pas à réserver une place à la Fenice. L’opéra somptueux (qui se visite) donne toujours des représentations de haute tenue. Vous pourrez ainsi revivre la création de la Traviata et fredonner dans les ruelles en rentrant un de ces airs célèbres. Si la Fenice vous faisait défaut, vous pourrez vous consoler avec l’un des innombrables concerts des musiciens vénitiens. Vivaldi, le prêtre roux de Venise y est bien entendu particulièrement à l’honneur (visitez aussi son musée).
Toutefois, c’est à un spectacle exceptionnellement charmant que nous vous convions. A la Scuola grande dei Carmini, vous pourrez pré-réserver depuis la France, ou sur place pour 30 à 50 euros par personne, un concert envoûtant d’airs d’opéra en costume d’époque avec musiciens, chanteurs et une merveilleuse danseuse qui vous saisira à tel point que lorsque vous sortirez, de nuit, vous ne pourrez que prendre votre fiancée par le bras et la conduire en gondole jusqu’à votre hôtel (plus prosaïquement il vous en coûtera 100 euros – 80 de jour). Cependant, ne cherchez pas une grande qualité musicale, vous ne la trouverez pas. En revanche, un vrai moment d’agrément et de plaisir romantique vous est garanti et, qui sait, peut-être serez-vous parmi les heureux élus invités à valser avec la gracieuse ballerine.
Il sera encore temps de vous arrêter pour dîner dans une de ces romantiques tables qui bordent le canal au pied du Rialto. Lumières nocturnes sur le pont et les palais ne seront alors que la douce continuité du ballet XVIIIème encore tournoyant à vos sens. Dégustez les spécialités vénitiennes et particulièrement les sèches à la vénitiennes, ou les délicieuses sardines al Saor et vous serez définitivement amarrés aux berges de la lagune.
Prenez le temps de vous reposer pour affronter les queues des musées. Il est possible cependant d’acheter à l’avance des billets coupe-file. Pour une vingtaine d’euros, le billet pour le Palais des doges est commun à tous les musées de la place Saint-Marc. Pour 5 euros de plus vous avez droit à tous les musées publics de la ville. Parmi les incontournables, le musée du Ca’Rezzonico sur le XVIIème vénitien ou encore le musée de la marine vénitienne. Prenez garde, pas de billets pour la cathédrale et des heures de queue en plein soleil peuvent vous attendre.
Avant de repartir, par le bateau, pour un ultime adieu à la lagune, si vous souhaitez emporter un masque du carnaval, soyez aussi prudents que pour un Murano. Les véritables masques possèdent un sceaux d’authenticité et sont, selon la taille, au prix moyen de deux cents euros. Mais pour ce prix, le tissu est damassé, la plume naturelle, le velours de toute beauté et le contour des yeux en cristal de Swarovski.
Entre rêve et réalité, un séjour à Venise nous transporte toujours par la magie du beau, la douceur sereine des canaux au-delà de l’infini des sens. Bien qu’éphémère séjour, ses richesses font corps en nous, comme les masques du carnaval peuvent revêtir nos visages parfois ternes et tristes. Et c’est bien la pureté des verres et cristaux de Murano que nous emportons, enchâssés dans notre mémoire brillant de cette petite flamme d’éternité que le beau ravive toujours au plus profond de nous-mêmes.