Variations en forme de modulation vers le Jazz aux Variations classiques d’Annecy
Variation classique prend possession des berges du Lac d’Annecy pour une semaine de variations sur un thème laissé libre à Laurence Ferrari. Variations, les musiciens connaissent bien. En partant d’un thème, d’un sujet, décliner selon diverses combinaisons une œuvre est une pratique courante et appréciée des compositeurs classiques. Mais partir de la musique de chambre, passer à l’amplitude orchestrale pour décliner sur le jazz en trompe l’œil d’improvisation, voilà l’esprit de Variations Classiques dans la Venise des Alpes.
Hier soir à Bonlieu, c’est sur ce mode que le Geneva camerata à inauguré cette édition 2019. Un orchestre pour trois ambiances, trois soirées en une aux couleurs très différentes, comme celles du lac qui évoluent aux multiples heures du jour et de la nuit. En ouvrant la soirée nous sommes bien dans l’univers chambriste d’un orchestre à cordes. En poursuivant la ballade, rejoint par une harmonie sur instruments anciens, nous voilà propulsés dans l’univers de la symphonie shubertienne. Une première variation qui va presque de soi, Schubert alliant si bien l’esprit des deux univers et le choix des cors anciens permettait de rester dans une atmosphère épurée des trop tonitruantes interprétations d’orchestres gonflés par l’usage wagnérien.
A première vue, moduler de Schubert au Jazz ne semblerait pas évident, sauf à confier la transition à Manuel de Falla dans un arrangement posant comme une évidence l’entrée jazzée de Emile Parisien au saxophone. Qu’il s’agisse de l’ouverture de pièces classiques au jazz ou de la percée du classique dans l’univers du Jazz, la variation en forme de va et vient d’un monde à l’autre était une parfaite réussite ouvrant un dialogue d’une étonnante fluidité tant entre les deux styles qu’entre les instrumentistes. L’univers du concert était bien classique, mais l’esprit Jazz lui donnait un air de fête un rien primesautier.
Toutefois, pour être honnête, il m’est difficile de donner un avis musical sûr pour ce qui est de l’exécution par l’orchestre du répertoire tant classique que jazz. En effet, les remarques de pâte orchestrale, d’unité et l’impression dérangeante d’une grande précision technique au rendu pourtant confus semble davantage provenir d’une acoustique difficile, sèche où se perdent dans les hauteurs les performances instrumentales. Pour autant, les tempi souvent trop vifs lissaient la ligne musicale harmonique, perdant le relief des respirations en tensions. Un bémol auquel la chaleur des basses venait cependant pallier d’une grande profondeur. L’harmonie, que la qualité instrumentale rendait d’une étonnante douceur, permis, malgré l’acoustique, de donner de Schubert une version sans doute plus proche de l’esprit du compositeur que les habituels concerts souvent trop saillants.
Variations Classiques, concert d’ouverture – 28 août 2019 – 20h30 Bonlieu – Geneva Camerata, direction, David Greilsammer. Saxophone, Emile Parisien