
Une manière très originale de revisiter l’ère napoléonienne nous est proposée pour quelques jours encore au musée Marmottan Monet. Dans un intérieur d’époque, la vie intime de l’empereur prend corps à travers le destin de ses trois sœurs, Élisa, Caroline et Pauline. En traversant chambres et salons, nous parcourons toute l’époque bonapartiste, du consulat à l’exil. Mobilier ayant appartenu aux sœurs ou aux proches du caporal corse, vaisselles conçues sur commande pour la grande duchesse de Toscane ou la reine de Naples ne sont pas exposés mais disposés, comme prêts à servir. Un peu plus et Élisa nous recevrait sur le perron avec Chateaubriand.
C’est bel et bien dans un intérieur vivant que l’exposition nous entraine aux confins d’une Italie « bonapartisée » par les sœurs de l’empereur. L’occasion de découvrir un pan peu connu de l’épopée impériale, ou tout du moins souvent écarté par ses détracteurs : l’influence culturelle. Certes nous connaissons bien le mobilier retour d’Egypte ou empire, encore fort nombreux, tant il fallut passer commande au sortir de la révolution. Mais l’œuvre accomplie par Élisa à l’Institut de France, la patte de Caroline Murat à l’Élysée, ou l’important mécénat éclairé des trois sœurs en Italie et particulièrement les fouilles d’Herculanum et de Pompéi encouragées par la famille royale napolitaine, nous sont moins familiers. Et pourtant c’est tout un monde qui éclot, malgré les maladresses et le parfois peu de noblesse des manières des nouvelles princesses.
Au détour de l’une ou l’autre salle nous sommes également émerveillés par les superbes reliefs de Viger du Vigneau.

Au fil des tableaux et des entrefilets, c’est l’amour d’une famille soudée et aimante qui se dessine, où l’on retrouve un Napoléon ferme mais touchant, chef de famille attentif autant que strict, fondant sa dynastie.