En français, aimer se dit de bien des choses. On aime le chocolat, ses enfants, son conjoint. Aimer suppose une destination, quelque chose ou quelqu’un à aimer. Aimer n’est pas indéterminé car aimer est un mouvement de celui qui aime vers ce qui est aimé. C’est donc la réponse à un attrait qui me fait sortir de moi-même pour aller vers autrui.
Ce qu’on appelle l’acte d’aimer, dont le contraire est le rejet, la répulsion qu’on nomme haine qui consiste à tenir loin de soi ce qu’on rejette. Les deux dynamiques qui mettent l’homme en action et le font sortir de lui-même sont ces deux mouvements contraires d’attrait répulsion qui guident, à des degrés divers, l’intégralité de notre agir humain.
Sans cette double capacité, il ne se passerait rien en l’homme qui serait un être « immobile ». Si l’acte d’aimer est le même pour tout et pour tous, les degrés d’amour diffèrent. Le plaisir sensuel, l’amitié et l’amour sont trois degrés hiérarchisés de l’acte d’aimer. Aimer le chocolat de l‘amour qu’on doit à sa femme n’est pas un amour ajusté ni équilibré, car si aimer est une tension vers quelqu’un, c’est aussi un don de soi.
C’est pourquoi notre capacité à aimer (qui nous possédons tous) dépend de notre capacité à nous donner et aussi à recevoir. Au fond notre capacité à aimer dépend grandement aussi de nos peurs et de nos entraves, voilà pourquoi l’amour suppose une grande liberté. Il est très éclairant de noter que les italiens utilisent la même racine pour méchant et prisonnier « cattivo », captif. Qui ne parvient pas à aimer est avant tout prisonnier de divers liens.
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