Il ne s’agit pas ici de faire une histoire complète du vin en France. Des livres entiers regorgeant d’anecdotes et de ces petites histoires qui font la grande Histoire ont déjà été et continuent d’être publiés. Non, il s’agit plus d’une trame pour néophytes, de petits repères, comme autant de sarments sur le cep. A chacun ensuite de choisir sa taille pour découvrir plus en profondeur telle ou telle partie de cette histoire si intime à la France, mais aussi à nos paysages, façonnés ou au contraire, « défaçonnés » par la vigne et sa vie… ou sa mort.
La vigne en Gaule est de nombreuses fois attestée et plus encore dans les vieilles provinces romaines, comme la Provence. Le monde antique consommait du vin et même l’exportait de par l’Empire, mais déjà avant. L’Egypte connait aussi sa production. Avec son grand concurrent qu’est la bière que les Sumériens buvaient en jarre à plusieurs grâce des pailles, le vin mène sa propre vie, parée de ses propres vertus et de sa propre mythologie dont Dyonisos, alias (plus ou moins) Bacchus est le bienfaiteur de l’humanité en la matière. Mais l’antiquiste que je suis tend à s’égarer et un jour peut-être transformerai-je mon cours en conférence et article sur ce dieu grec unique en son genre.
Pour ce qui va devenir la France, après un long temps de stagnation et d’exploitation viticole plus ou moins stable depuis le temps des Romains, il faut attendre Charlemagne pour connaître un nouvel essor de la viticulture sur nos terres, mais également dans l’ensemble de l’Europe que l’empereur dominait au tournant du IXème siècle. Le maître de la chrétienté occidentale avait une prédilection pour le vin blanc, pour une de ces raisons anecdotiques qui laissent une trace dans l’histoire. Le vin rouge tâchait sa légendaire grande barbe blanche. Ainsi, lors d’un de ses voyages en Bourgogne, le chef de l’Empire d’occident, reste symbolique de la partie occidentale de l’empire romain, considéra un côteau qu’il jugea bien disposé pour y planter des vignes. Il décida qu’à Corton on y ferait donc du vin blanc, resté depuis un des meilleurs vins du monde, sous le nom de Corton Charlemagne.
C’est au XIIème siècle que la vigne en France connait un nouvel essor, avec le remariage d’Aliénor d’Aquitaine et du Plantagenet d’Angleterre. C’est le Bordelais et plus largement l’Aquitaine qui va bénéficier de cette union, par ailleurs germe de conflits interminables entre les deux pays.
Tout au long du Moyen-Age le règne des abbayes va transformer le paysage, désormais hérissé de vignes, pour la consommation des moines et pour le vin de messe. La commercialisation n’est pas à l’ordre du jour.
Une nouvelle grande étape est franchie au XVIIIème siècle avec l’assèchement des marais du Médoc, la fameuse Rive Gauche du Bordelais.
Mais le code Napoléon va imposer le morcellement des parcelles, donnant naissance à cette mosaïque, parfois infinie, de domaines. Pour autant, jusqu’en 1855 c’est l’âge d’or de la viticulture. A ce moemnt apparait le classement des vins de Médoc et de Sauternes.
Au cours du second XIXème siècles, des maladies, comme le phylloxérât, vont décimer 86% des vignobles du monde, imposant un renouvellement quasi-total des vignes. On trouve, comme à Fleurie en Beaujolais, encore des vignes préphyloxériques, mais elles deviennent rares.
De son côté, le beau vignoble lorrain ne se relèvera jamais de la Première Guerre Mondiale, tandis que l’entre deux Guerres voit la prolifération des vins frelatés. C’est donc en 1936 qu’apparait la première certification en AOC. L’après Seconde Guerre Mondiale est encore un moment difficile pour le vin. C’est l’ère productiviste qui néglige la qualité, multiplie les produits phytosanitaires.
Il faut attendre la fin des années 70 pour que l’on revienne à une production de moindre rendement mais de meilleure qualité. Il faut, cependant, aux sols du temps pour se remettre de cette période.
2012 voit l’apparition d’une charte sur le vin bio, mais aussi, au niveau européen de nouvelles classifications. L’AOC disparait, pour devenir AOP, tout comme le vin de table qui s’ennoblit de « vin de France », sans que la qualité ne change pour autant.
Et côté consommation, on buvait 100 litres de vins par an et par habitant en France en 1970, contre 40 litres aujourd’hui.