
En 1951, sous l’impulsion de René Étienne, un négociant rouennais, naissait notre revue,
dans une grande ville encore sans université et profondément marquée par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Il fallait de la volonté, du courage et de l’optimisme
pour se lancer dans cette aventure qui visait à « concourir au développement culturel et à
la prospérité de la Normandie », pour citer son fondateur. Le succès fut immédiat et, très
vite, des universitaires vinrent en renfort des milieux économiques, le bénévolat associatif
restant notre marque de fabrique. Ces longues décennies valaient bien un petit rappel dans
les pages suivantes qui, nous l’espérons, permettra à nos lecteurs de nous (re)découvrir.
Pour marquer cet anniversaire, l’idée de mieux faire connaître l’ouverture traditionnelle de
notre région sur le monde nous a semblé particulièrement opportune. La Normandie est
souvent perçue comme terrienne, paysanne. On célèbre ses vaches et ses pommiers. Certes,
les touristes apprécient nos 640 km de côtes mais ils savent moins que la basse Seine abrite
le premier complexe portuaire français et que les Normands furent aux xie
-xiie
siècles des
acteurs majeurs en Méditerranée, ou que leurs lointains descendants participèrent fort activement à l’aventure atlantique des Grandes Découvertes et de la colonisation.
Les contributions réunies dans ce dossier sont issues de deux initiatives concomitantes
autour de l’idée de maritimité de la Normandie. L’inspection pédagogique régionale
d’histoire-géographie avait prévu d’organiser une journée d’études sur « les Normands et
la mer » à destination des professeurs de collège et lycée. Cette journée a dû être finalement annulée par suite de la pandémie de Covid-19. Toutefois, certains intervenants
comme Éric Saunier ou Arnaud Brennetot ont accepté de nous confier des textes adaptés
des conférences qu’ils devaient prononcer. Qu’ils en soient remerciés.
D’autre part, le Centre culturel international de Cerisy (CCIC), dans la Manche, a accueilli en
septembre 2020 un colloque intitulé « Mémoires et enjeux du maritime en Normandie ».
Mme Édith Heurgon, codirectrice du CCIC, a bien voulu accepter que Études normandes se
fasse l’écho de ces journées, et nous l’en remercions également.
Ce dossier parcourt donc dix siècles d’histoire normande jusqu’à son actuelle intégration
dans la mondialisation, en associant des aventures collectives très connues comme celle
de French Line à la conquête de l’Amérique depuis Le Havre ou beaucoup plus personnelles et méconnues comme celle de Liberge de Granchain, marin-savant eurois mêlé de
près à la guerre d’Indépendance des États-Unis aux côtés de La Fayette.
Bonne lecture !
Gérard GRANIER, président d’Études normandes
la revue (8,90€ le numéro)est en vente en
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