Le maître de Dreux Budé au Louvre

Le maître de Dreux Budé au Louvre

Propriété de la fondation Bischoff à Brême, la Trahison du Christ du Maître de Dreux Budé vient de changer de mains, après sa vente aux enchères cette semaine, à Londres, pour plus de 1,3 M€, chez Sobethy’s.

Alors que le Louvre est souvent décrié pour sa politique d’acquisition assez timide, c’est une œuvre iconographique majeure qui revient à Paris, où elle a été peinte il y a six siècles environ.

Panneau gauche d’un triptyque religieux commandé par Dreux Budé, secrétaire des rois de France Charles VII et Louis XI, L’Arrestation du Christ était probablement destiné à la chapelle de la Vierge et saint Christophe de l’église Saint-Gervais-Saint-Protais à Paris., où la famille Budé est implantée.

Ce fonctionnaire royal participe à la reprise de la commande artistique dans le Paris de la fin de la Guerre de Cent Ans. Dès le retour de la paix, les notables parisiens redeviennent mécènes, et l’art flamand, aux formes novatrices, s’implante durablement dans le paysage artistique français.

L’auteur du tableau acheté par le musée du Louvre, habituellement appelé le Maître de Dreux Budé, a été identifié par plusieurs historiens comme étant André d’Ypres, peintre et enlumineur d’origine flamande qui fut actif à Paris au XVe siècle. On connaît de lui en particulier le fameux Retable du Parlement de Paris, lui aussi exposé au Louvre. C’est aussi le fondateur d’une longue lignée d’artistes, la famille d’Ypres, dont l’activité fut soutenue jusqu’au XVIe siècle au moins.

Mais qu’observons-nous dans cette Arrestation savamment mise en scène ?

Sur le Mont des Oliviers, devant Jérusalem endormi, le Christ, embrassé par Judas, paraît tranquille, serein. Il semble dévisager, avec douceur le passant, nous interroge. D’un geste de paix qui figure l’offrande, il repousse tranquillement l’épée de Pierre dans son fourreau, pendant que Judas conduit les troupes qui saisiront Jésus.

L’animation des figures est remarquable. D’un côté la piété des deux donateurs, bénis par Saint Christophe, de l’autre la cohorte grimaçante et tumultueuse, troublant la quiétude de cette nuit de prière et de veille. Le clair-obscur  souligne la béatitude des justes en prise à la lumière fausse et active des flambeaux, réhaussée par le tissu orange feu des étoffes de Judas et des Romains.

Bref, c’est un beau cadeau que nous fait cette année le musée du Louvre, que nous félicitons pour cette acquisition.

Commentaires

commentaire

La Rédaction