Un fauve en embuscade, l’angoisse tapie
L’angoisse survient comme un fauve tapi derrière un fourré. Invisible et imprévisible elle vous déchiquète et vous dévore trouvant en vos entrailles engloutie la force de grandir et de vous maîtriser à terre ligote toujours plus.
Rien ne l’arrête et, comme le foi de Pancrace, elle repousse sitôt dévorée. Grandissant à mesure qu’elle s’engloutie elle même elle trouve toujours, avec un appétit croissant, un festin sans cesse à sa taille.
Seul répit pour la remettre en cage, l’assoupissement de la digestion qui suit l’orgie. Là la bête ou le sa rage et se vide de son carnage comme une baudruche de son gaz.
Ainsi réduite, elle ressemble au chacal famélique et se faufile entre les barreaux de sa prison diabolique pour gagner ses fourrés prêt à se lancer de nouveau à l’assaut.
Seul le voyageur aguerrit peut traverser serein, les chemins creux de son âme et de son cœur. Celui qui imprudent s’aventure en ces contrées inconnues de ses propres peurs, se laissent immanquablement surprendre au détour de chaque fourré tendu d’embuscades. Pour débusquer l’angoisse félone avant qu’elle s’en surgisse de sa tranchée, il faut au pisteur reconnaître les traces subtiles signaux avant-coureurs du traquenard à l’approche.
On ne peut rien contre l’assaut de l’angoisse une fois celui-ci lancé. Mais on peut briser son élan si on sait être attentif aux peurs qui sourdent comme une source contaminée prête à jaillir. Connaître nos eaux troubles c’est être capable de les reconnaître avant même qu’elles aient forcées les digues de notre raison. Car l’angoisse submerge la raison avant d’affoler les sens. C’est parce que la raison s’est laissée assaillir par le fauve surgit contre toute attente que les sens pris de panique déraisonnent.
Quand on sent en nous l’odeur fétide du chacal de l’angoisse, il faut sans délais, toutes affaires cessantes, envoyer les légions d’élites de notre raison pour traquer et abattre la bête. Une simple hésitation et la bête famélique bondit sur le cœur de l’être et le dévore instantanément se nourrissant de son propre effet enragé dans un cercle infernale qui laisse me les plus vigoureux, vaincus et parfois douloureusement blessé