Redécouvrir Exbrayat !
Puissants, profonds et pourtant pleins de légèreté et d’humour. Tels sont les romans d’Exbrayat. Faciles à lire, on se promène dans ces pages parfois rudes de réalisme, avec une fraicheur insouciante. L’humour, les traits lancés ça et là allègent ce qui, tout de même, reste des drames, des meurtres et des souffrances. Mais avec le secret talent qui est le sien, l’auteur toujours parvient à brosser les tableaux les plus obscures avec ce trait de lumière insouciant qui sort de l’ombre la laideur, sans pour autant la dédouaner de son abjection.
C’est bien ce que l’on retrouve dans ce roman des quartiers de la classe moyenne de Londres. « Elle avait trop de mémoire », est le fil rouge en forme de comptine enfantine que tire le brillant et opulent inspecteur Morgan, aux prises, cette fois-ci, avec une histoire sordide impliquant ses amis joueurs de cartes.
Tout le monde semble coupable, sauf le coupable. Au fond, ces gens les plus ordinaires du monde se révèlent, comme vous, comme moi, avoir tous de bonnes raisons de passer à l’acte, puis aux actes quand il s’agit de tuer les témoins du meurtre. Et d’un meurtre on passe à deux, puis trois… jusqu’où cela ira-t-il ? Aucun d’eux n’avait jamais commis de crime et pourtant, c’est bien l’un d’eux, qu’une occasion, qui aurait pu passer loin de lui et le laisser heureux toute sa vie, va le conduire à passer à l’acte et d’un œuf voler un bœuf, d’un meurtre devenir meurtrier en série.
Au détour d’une enquête, c’est tout le monde fréquenté par la classe moyenne londonienne qui se livre à nous, comme une plongée dans l’histoire, dans le quotidien, dans leur quotidien. On rit, on danse, on pleure, on triche, on se cache, on a honte comme de tout temps, mais avec les codes et les mœurs de son temps. De la même façon, c’est avec les méthodes de ces années 60 que l’inspecteur résout l’enquête.