Flaubert, « quelque peu de cidre dans les veines » – Etudes Normandes – Septembre 2021

Flaubert, « quelque peu de cidre dans les veines » – Etudes Normandes – Septembre 2021

Le dernier numéro d’Etudes Normandes vient de sortir.
Année Flaubert oblige, le numéro est consacré à l’auteur rouennais.

Dans un texte consacré à Flaubert, il arrive toujours un moment où l’auteur, habité par l’obsession du Maître de ne pas répéter un mot à moins de dix lignes de distance, cherche un équivalent pour ne pas utiliser une nouvelle fois le nom propre. La périphrase qui vient ordinairement sous la plume, c’est : « l’auteur de Madame Bovary », même quand le contexte ne l’impose pas. Il y a un autre choix : « l’écrivain normand ».

Qu’est-ce qu’on veut dire par là ? L’écrivain qui est né, qui a vécu la plupart du temps, qui est mort et enterré en Normandie ? L’écrivain dont plusieurs œuvres se passent en Normandie ? « L’enfant du pays » dont les Normands se souviennent grâce aux Maisons des illustres, aux statues, aux plaques, aux manuscrits, aux livres de sa bibliothèque, c’est-à-dire à l’ensemble du patrimoine matériel, donnant une représentation concrète de ce patrimoine immatériel constitué par ses livres qui, lui, appartient à l’humanité ? Tout cela à la fois. L’essentiel est que l’expression ne soit pas perçue comme réductrice : Flaubert appartient à sa région sans être un écrivain régionaliste ; il n’a pas donné non plus de son pays une image idéalisée qui permettrait de le promouvoir en icône d’une affiche promotionnelle. Sa Normandie n’est pas faite pour plaire ou séduire : comme pour tous ses sujets, il l’a couchée sur sa table de dissection, et il a pris son scalpel.

Deux cents ans après sa naissance, la question se pose de savoir s’il y a encore quelque chose à dire sur Flaubert en général, et sur son rapport à la Normandie en particulier. Les spécialistes de l’auteur entendent souvent la question : « Vous trouvez du nouveau ? Tout n’a pas été écrit ? » Question légitime, à la fois naïve et pertinente. Car l’œuvre de Flaubert est close ; il y a mis un point final. Mais des documents inédits continuent à sortir, au gré des découvertes des chercheurs et des ventes publiques : des actes notariés, des lettres, des notes, des fragments de manuscrits, des livres dédicacés. Et surtout, chaque lecture informée ouvre une voie, fait surgir un sens inaperçu, établit des rapports auxquels on n’avait pas pensé.

Il a donc paru possible à l’Association des Amis de Flaubert et de Maupassant, honorée d’être invitée par Études normandes à organiser un dossier pour le bicentenaire, de tenter l’exploration renouvelée de quelques sentiers : l’appartenance ambivalente de Flaubert à la bourgeoisie rouennaise, les propriétés foncières de la famille dans la région, le rôle joué par la plage de Trouville, les paysages des romans normands et des films qui en sont adaptés, les lieux de mémoire qui inscrivent dans le territoire celui qui a mis la Normandie dans ses livres.

Association des Amis de Flaubert et de Maupassant

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La Rédaction